Dent perdue : mais que donne la petite souris ?
La tradition veut que, lorsqu'un enfant perd une dent de lait, il la mette sous son oreiller pour la petite souris. Cette dernière viendra alors lui rendre visite dans son sommeil pour échanger cette dent contre un sou. Mais d'où vient cette idée et qu'en est-il dans le reste du monde ?
Le travail de la petite souris est de ramasser, durant la nuit, les dents de lait qui sont tombées. On dit qu'elle fait cela parce qu'elle en a besoin pour se construire un grand château tout blanc et qu'ainsi, seules les dents des enfants qui brossent bien les leurs l'intéressent. En tout cas, avec le cadeau qu'elle donne en échange de la précieuse quenotte, elle aide beaucoup, et ce depuis longtemps, à rassurer les enfants sur la perte de leurs dents.
L'histoire de la petite souris
Une croyance ancienne, aujourd'hui oubliée en Occident, voulait que si un animal mangeait une dent de lait, celle qui poussait alors dans la bouche de l'enfant pour la remplacer prenait les caractéristiques des dents dudit animal. En conséquence, on préférait donner une dent tombée à des animaux connus pour leur bonne dentition, une souris par exemple. A l'origine d'ailleurs, la dent était jetée sous le lit de l'enfant pour que la souris puisse facilement la trouver et la manger.
En 1927, une certaine Esther Watkins Arnold écrivit une scénette parlant pour la première fois de la fée des dents, l'équivalent anglophone de la petite souris. En 3 actes, elle y faisait participer la fée au récit (ou plutôt les fées puisqu'il y en avait plusieurs) de manière à encourager les enfants à avoir de saines habitudes, comme se laver les dents ou manger des légumes.
Ce n'est toutefois qu'en 1949 que la fée des dents commença à réellement faire parler d'elle. Cette année-là, un autre auteur, Lee Rogow, sortit une courte nouvelle pour enfants reprenant le mythe de la fée des dents sauf que pour la première fois, il introduisit l'idée qu'elle échangeait les dents contre des sous. Bien que brève (à peine une pleine page de magazine), cette nouvelle gagna rapidement en popularité : elle est à l'origine de la version moderne de la petite souris que l'on connaît aujourd'hui.
Un cadeau en échange
Pour remercier l'enfant de lui avoir offert sa dent, la petite souris glisse généralement de la monnaie sonnante et trébuchante sous son oreiller : une pièce de 1 ou 2 euros, voire un billet de 5 euros pour les plus sages. En vérité, il n'y a pas de plafond maximum à cette contrepartie ; cependant, on veillera tout de même à offrir un montant approprié à l'âge de l'enfant ainsi qu'à son niveau de responsabilisation. Inutile ainsi de donner 20 euros à un enfant de 5 ans, par contre à 10 ans, c'est un montant qu'on appréciera grandement, surtout si on a été bien obéissant.
A défaut d'argent, des petits cadeaux comme une tirelire ou encore des jouets feront aussi parfaitement l'affaire. Parfois, on laisse également une note à l'enfant pour lui donner quelques conseils de sagesse. Au-delà du cadeau en effet, le rituel de la petite souris est une manière d'accompagner l'enfant dans le bouleversement que la perte de la dent peut induire. Pour un enfant, perdre une dent, c'est aussi devenir grand !
La petite souris à travers le monde
La petite souris exerce surtout dans les pays francophones et, d'une manière plus générale, dans les pays latins (Portugal, Argentine, etc). Dans les pays anglophones, on l'a vu, c'est la fée des dents qui prend le relais. Aux États-Unis comme en Angleterre, on l'appelle ainsi Tooth Fairy. C'est d'ailleurs à la fois le titre du livre d'Esther Watkins Arnold (The Tooth Fairy : Three-act Playlet for Children, "La Fée des dents : une scénette en 3 actes pour les enfants" en français) et celui de Lee Rogow (intitulé sobrement The Tooth Fairy).
Dans les pays germanophones aussi, on parle plus de fées que de souris, en témoigne la Zahnfee en Allemagne. Les petits Italiens, eux, ont de la chance puisqu'ils ont droit aux deux : Fatina, la fée, et Topino, la petite souris !
Dans les pays du nord de l'Europe, la Suède, la Norvège et le Danemark, la dent est placée dans un verre où elle est censée se changer en pièce toute seule. En Europe de l'Est par contre, comme en Bulgarie, c'est à un corbeau que l'on confie la dent. On lance alors la dent sur le toit de son habitation et on demande au corbeau de la prendre et d'offrir, en échange, une dent toute neuve.
En Haïti, la dent tombée est également jetée sur le toit, mais on y retrouve notre amie la petite souris à laquelle on adresse la même requête qu'au corbeau bulgare. Même topo en Corée du Sud et au Japon, sauf que cette fois-ci, on demande directement au toit de la faire repousser plus blanche et plus forte encore qu'avant. Un rituel que l'on retrouve dans quelques pays d'Afrique comme au Burkina Faso, à Madagascar ou encore au Niger, sans forcément impliquer de requête.
En Afrique du Sud, les enfants jettent leurs dents en l'air en direction du soleil ou de la lune et effectuent une danse traditionnelle pour célébrer la venue de la dent définitive. Quelques enfants cachent également leurs dents perdues dans leurs chaussures pour que la fée des dents puisse les récupérer.
En Asie centrale, la dent de lait est insérée dans de la viande grasse puis donnée à un chien ou enterrée sous un arbre aux racines fortes. On pense alors ainsi que la dent définitive sera aussi forte qu'une dent de chien ou droite et durable comme l'arbre.
En Inde comme au Vietnam enfin, les enfants sont encouragés à jeter leurs dents tombées pour qu'elles soient remplacées par des dents plus fortes. La croyance y veut également que les dents perdues de la mâchoire supérieure soient jetées sur le toit et que celles de la mâchoire inférieure soient jetées au sol. De cette manière, dit-on, les dents seront correctement remplacées.