Savez-vous quelle est la période d'éducation la plus éprouvante ?
Être parent, c'est composer avec des événements pour lesquels nous ne sommes pas vraiment préparés. Certains s'en sortent avec brio, d'autres, un peu moins, mais tous s'accordent à dire qu'il y a des moments plus difficiles que d'autres. Une étude américaine nous dit même précisément de quelle période il s'agit.

Élever un enfant est une aventure jalonnée de joies et de défis. Si les premières années de vie sont souvent perçues comme les plus exigeantes en raison des nuits blanches et des soins constants à dispenser, une étude de l'université de l'Arizona, menée par la professeure en psychologie Suniya Luthar, apporte un éclairage surprenant sur la période la plus éprouvante pour les parents.
Les premières années de bébé ne sont pas les plus dures
Contrairement à l'idée reçue selon laquelle la petite enfance est la phase la plus compliquée, l'étude révèle que, au contraire, les mères trouvent un certain épanouissement durant cette période. Alors, certes, les défis associés aux soins devant être apportés à un nourrisson sont physiquement fatigants, mais parmi les 2 200 mères interrogées par l'étude, la vaste majorité a exprimé leur satisfaction notable lors des premières années de vie de leurs enfants. Un sentiment d'accomplissement qui s'explique par le fait que cette phase est souvent marquée par une proximité affective intense, ainsi qu'une impression de contrôle sur le développement de l'enfant.
Le mythe du "syndrome du nid vide" déconstruit
L'étude s'est également penchée sur la période suivant le départ des enfants du foyer familial, généralement au moment où ils doivent commencer leurs études supérieures. Outre-Atlantique, cela est généralement synonyme de campus, de déménagement et de gain d'indépendance pour les adultes en devenir. Pour les mères, ce serait plutôt le vague à l'âme qui guette, à habiter dans une (grande) maison soudainement silencieuse et à y errer sans "rien à faire" puisqu'il n'y a plus d'enfants dont il faut s'occuper. Le "empty nest syndrom", ou "syndrome du nid vide" en français, est donc un vrai phénomène de société aux États-Unis, au point où le sujet est régulièrement débattu et a été traité dans tous les médias imaginables. Et pourtant…
Encore une fois, l'étude de la Suniya Luthar démonte un mythe et suggère que la souffrance ressentie par certaines mères lors du départ de leurs enfants n'est pas du tout représentative, loin de là. Les résultats indiquent que les mères éprouvent un bien-être psychologique accru une fois leurs enfants devenus adultes et autonomes. Un bien-être qui, cette fois-ci, s'explique par une certaine liberté retrouvée et la diminution du stress quotidien, pour peu toutefois qu'elles arrivent à maintenir des liens affectifs avec leurs enfants.
Ces liens affectifs semblent d'ailleurs être la clé pour éviter le sentiment de vide et de solitude caractéristique du syndrome du nid vide, car, comme le dit la principale autrice de l'étude : « Être mère est un travail très difficile et recevoir un soutien affectueux et infaillible de la part de son partenaire, de sa famille ou de ses amis n'est pas seulement important, mais est en réalité essentiel (...) pour notre propre santé mentale. »
Les années collège : le véritable défi !
Étonnamment, c'est entre l'enfance et l'adolescence, plus précisément durant les années collège, que les parents rencontrent le pic de difficulté dans l'éducation des enfants. Ces derniers, âgés de 12 à 14 ans, traversent une phase de bouleversements hormonaux et psychologiques. Des changements qui se manifestent par du stress, une attitude négative, une quête d'identité, et un besoin accru de s'émanciper des figures parentales.
Pour ne rien arranger, l'entrée au collège n'est pas une rentrée des plus faciles. Tout d'abord, elle expose adolescents et préados à un environnement scolaire assez impersonnel, à mille lieux de l'attention dont ils faisaient l'objet ne serait-ce qu'un an plus tôt. Ensuite, ils y gagnent en autonomie, une certaine liberté avec laquelle ils doivent soudain composer sans y avoir été préparé.
Enfin, le collège, quand on y pense, c'est aussi un milieu clos dans lequel on a eu la bonne idée d'enfermer 8 heures par jour des milliers d'ados en plein questionnement existentiel et surtout en pleine poussée d'hormones. Tout ceci forme un cocktail explosif qui encourage l'expérimentation et les conduites à risque, telles que la consommation de drogues ou d'alcool, ou encore la découverte de la sexualité et de ses dérives.
Le manque de préparation des parents face à l'adolescence
Paradoxalement, les parents sont mieux préparés à affronter la petite enfance que l'adolescence. Alors que de nombreux programmes de soutien prénatal existent pour accompagner les futurs parents, peu de ressources sont disponibles pour les aider à naviguer à travers les défis de l'adolescence. Les auteurs de l'étude recommandent ainsi la mise en place de dispositifs similaires, tels que des groupes de soutien au sein des établissements scolaires, pour aider les parents à traverser cette période complexe du mieux possible.
Avec des préadolescents et, plus tard, des ados, il est conseillé d'adapter son approche éducative en soutenant les enfants tout en respectant leur besoin d'indépendance. La complication vient justement du fait que ce ne sont plus des enfants et que les méthodes éducatives qui fonctionnaient durant la petite enfance, à coups de câlins, de punitions et d'histoires du soir, ne sont plus appropriées. Et pourtant, ils ne sont pas encore adultes non plus, en conséquence, il n'est pas très indiqué de les laisser voguer à l'instinct sur les flots désormais mouvementés de leur existence.
Cette période requiert ainsi une redéfinition du rôle parental, passant d'un contrôle direct à un soutien plus distant, mais toujours présent. Un changement de rythme qui peut être déroutant et éprouvant pour de nombreux parents, mais qu'ils se rassurent : une fois au lycée, ça ira mieux !