Éducation numérique : les parents sont-ils assez accompagnés ?
Les appareils connectés sont toujours plus présents dans le quotidien et accessibles à tous les membres de la famille. Les enfants sont exposés de plus en plus jeunes, ce qui peut être problématique, surtout quand les parents ne sont pas au fait de la manière dont leurs bambins utilisent les smartphones, tablettes ou ordinateurs. Alors, y a-t-il une nécessité d'un accompagnement numérique plus poussé ?

Il peut y avoir une différence entre la perception qu'on a de l'utilisation des écrans par les enfants et leur utilisation réelle. Même en pensant bien faire, les parents peuvent être dépassés et un accompagnement dans l'éducation numérique pourrait être utile, comme semble le confirmer une étude portant sur le rapport à la technologie qu'ont les parents et leurs enfants en 2024. Temps d'écran perçu et réel, sujets de tension, stratégies et contrôles, on fait le point.
Une sous-estimation du temps d'écran quotidien
C'est au sein d'une étude de l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique, menée sur un panel d'enfants de 7 à 17 ans et de parents d'enfants de 7 à 17 ans, qu'on apprend qu'un foyer français possède en moyenne 3 écrans. L'âge moyen du premier équipement appartenant à un enfant varie de 9,4 ans pour une tablette à 11,3 ans pour un smartphone, et le temps passé devant ces écrans est considéré comme trop élevé par 77 % des parents.
Toutefois, en comparant les dires des enfants concernant leur temps d'écran avec le temps d'écran estimé par les parents, on constate une sous-estimation de celui-ci, notamment pour les 15-17 ans qui passeraient plus de 50 minutes supplémentaires sur leur smartphone quotidiennement, par rapport à ce que pensent leurs parents.
Une des raisons à ces différences vient de l'accès en autonomie de ces appareils connectés, qui seraient utilisés seuls par 93 % des 11-14 ans. On connaît les risques d'Internet et cette absence de supervision peut être un souci, d'autant plus que les parents ne semblent pas totalement au fait de ce qui se trame sur les smartphones de leurs progénitures.
Ce que pensent les parents et ce que font les enfants
Les plus jeunes se connectent de plus en plus tôt, malgré les recommandations visant à éviter une surexposition aux écrans, du fait de l'addiction et des troubles que cela pourrait engendrer. Les sites ou applications consultés, mais aussi leur contenu, doivent aussi être contrôlés, mais certains parents semblent en décalage vis-à-vis de ce que peuvent faire les utilisateurs d'un jeune âge via ces équipements.
YouTube et TikTok sont plébiscités par les jeunes et les parents en sont conscients, mais ces derniers oublient que la messagerie WhatsApp est facilement accessible. L'application est le deuxième service le plus utilisé (à égalité avec TikTok) et on sait qu'elle peut être cause de problèmes, notamment dans des cas de harcèlement scolaire. Un autre décalage intéressant entre les parents et les enfants concerne la perception de l'utilisation des réseaux sociaux : 63 % des 11-13 ans affirment utiliser un réseau social alors que les parents pensent qu'ils ne sont que 41 % à le faire.
Enfin, il y a une nette différence entre les risques liés à l'utilisation d'outils numériques vus par les parents et ce que ressentent ou vivent les enfants. Les adultes évoquent souvent l'exposition à des contenus violents ou à des fake news, que les enfants n'abordent pas trop, tout comme faire de mauvaises rencontres sur le net, qui reste une préoccupation majeure pour 32 % des parents, mais une crainte pour seulement 12 % des enfants.
La nécessité d'un accompagnement dans l'éducation numérique
On constate donc une différence entre l'utilisation concrète d'Internet et des outils du numérique par les enfants, et la façon dont elle est perçue par leurs parents. Ceux-ci agissent pour tenter de protéger leurs bambins avec des outils de contrôle parental, une régulation du temps passé sur le net et des temps morts sans écran, ainsi que des discussions concernant les dangers de ces appareils. Pourtant, ils sont tout de même 53 % à ne pas se sentir suffisamment accompagnés.
Il serait intéressant pour les parents d'avoir des ressources à disposition en phase avec la réalité d'utilisation, que ce soit pour configurer un système de contrôle parental sur une console, savoir vers qui se tourner en cas de cyberviolence, et disposer d'un support éducatif pour aborder avec la pédagogie nécessaire ce sujet sensible, mais devenu quotidien.
Dans cette optique, la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) a déjà créé un kit de citoyen numérique composé de fiches thématiques et d'activités ludiques pour se familiariser avec le numérique, à destination des parents et des professionnels, qui fera office de bon point de départ. D'autres supports pourraient voir le jour à l'avenir, si l'écart continue de se creuser entre utilisation supposée et habitudes réelles.