Comment éviter la violence éducative ordinaire ?

La VEO, pour Violence Éducative Ordinaire, est utilisée par près de 80 % des parents… sans même qu'ils s'en rendent compte. Pourtant, ce type de violence à la fois physique et verbale nuit à votre enfant et à son bon développement. Il peut entraîner des complexes et être la source de réactions violentes plus tard. On recense les petites phrases et les gestes qui composent cette VEO, avant de voir quelles sont les solutions pour l'éviter.

Affirmer son autorité quand on est parent n'est pas une mince affaire et il arrive fréquemment qu'on hausse la voix, qu'on lance une petite phrase en apparence banale ou qu'on réprimande son petit de manière un peu brusque. Des situations qui semblent anodines, mais qui peuvent avoir des répercussions chez l'enfant. Ce genre de gestes ou de comportements entre dans la catégorie de la Violence Éducative Ordinaire (VEO) et il est possible de les éviter en agissant différemment et en s'efforçant de sortir d'un schéma éducatif figé depuis trop longtemps.

Que désigne-t-on par Violence Éducative Ordinaire ?

La Violence Éducative Ordinaire se présente sous deux formes : les violences physiques et les violences verbales. Dans la première catégorie, on peut citer les fessées, une tape sur la main, un coup de pied aux fesses ou encore une claque. La seconde catégorie englobe l'ensemble des insultes, des cris, des phrases dénigrantes (exemple : « Tu es nul ! », « Qu'ai-je fait pour avoir un enfant comme toi ?», « On va te mettre à la DDASS », etc.) ainsi que le chantage ou les humiliations énoncées à voix haute.

En France, le code civil spécifie, via une loi du 2 juillet 2019, que « l'autorité parentale doit s'exercer sans violence physique, ni psychologique » et que la violence n'est pas une méthode d'éducation. Pourtant, des phrases comme « File dans ta chambre ! », « Va au coin ! », « Arrête de pleurnicher ! » ou autre « Tu es ridicule ! » continuent d'être prononcées chaque jour dans les foyers du monde entier. Et peuvent être associées à des gestes violents qui font office de marqueurs d'autorité.

Nous sommes nombreux à utiliser ce type de violence, sans le savoir. En effet, environ 80 % des parents auraient recours à ce type de réprimandes, en reproduisant souvent une méthode éducative qui fut utilisée au cours de leur éducation. Mais avec le recul et les recherches menées durant les dernières décennies, on constate que les conséquences de ces petites phrases ou de ces gestes en apparence banals sur l'enfant ne sont pas négligeables.

L'impact de ces violences sur les enfants

Les enfants qui subissent de la VEO risquent de reproduire ce schéma à l'école. S'il vous entend crier, il va crier pour s'exprimer. Si vous le tapez, il tapera ses camarades, il adoptera le chantage si vous lui en faites et humiliera les autres s'il a été humilié. Une attitude qui s'ancrera et qui l'accompagnera toute sa vie, jusqu'à ce qu'il reproduise ce type d'éducation avec ses propres enfants. La violence n'est pas innée et avoir recours à de la VEO peut générer des êtres pour qui elle constituera une réponse adéquate à un problème.

Le risque de repli sur soi est également très fort, puisqu'à force d'entendre qu'il est mauvais ou qu'il n'est pas doué, à force de se faire gronder à tout-va, même lorsqu'il ne souhaite que s'exprimer à sa manière (en pleurant ou en faisant un caprice, par exemple), l'enfant va se braquer et penser qu'il ne vaut rien à vos yeux. Pourtant, c'est bien à travers le regard de ses parents qu'un enfant se construit. S'il estime que par vos mots et vos gestes, vous lui faites comprendre qu'il n'est pas comme vous le souhaitiez, il va finir par l'accepter et avoir une vision très négative de lui-même.

Enfin, la Violence Éducative Ordinaire peut avoir un impact sur la manière dont l'enfant va gérer ses émotions. Il va se retenir de pleurer, contenir sa colère, éviter de parler s'il craint votre réaction, pour au final ne plus savoir comment réagir face à ses émotions. Par conséquent, il sera également moins à même de faire preuve d'empathie, car il aura du mal à comprendre les réactions des autres.

Comment éviter la VEO au quotidien ?

On sait qu'il n'est jamais facile de se contrôler à 100 % face à un enfant qui hurle, qui fait des bêtises ou qui vous tient tête. Les conflits parents-enfants sont fréquents, mais il existe des solutions pour gérer au mieux la situation et éviter d'avoir recours à la VEO.

D'abord, vous pouvez miser sur la communication non-violente, afin de rester à l'écoute de votre enfant et de ses besoins. Une méthode qui permet aux parents de mieux cerner un petit et à l'enfant d'exprimer ce qu'il a sur le cœur plus facilement. C'est la clef pour réduire au maximum l'utilisation de techniques violentes.

Ignorez les conseils éducatifs de vos grands-parents ou de vos parents, qui vous expliquent que « de leur temps, ils prenaient des claques pour apprendre  »ou que la maîtresse leur tapait sur les doigts avec une règle en fer quand ils désobéissaient. Si les recommandations de vos proches peuvent avoir une valeur énorme dans certaines situations, ce type de conseils pour l'éducation sont pour la plupart désuets au 21e siècle, maintenant qu'on a suffisamment de recul pour constater leurs conséquences. Vous n'avez rien à prouver à personne, vous êtes le parent !

Enfin, vous devrez certainement faire un travail sur vous-même pour perdre des habitudes bien ancrées. Apprenez à ne pas élever la voix si ce n'est pas nécessaire, cherchez à comprendre ce qui pousse votre enfant à agir comme il le fait en l'invitant à vous dire si une de vos phrases le blesse, et tentez d'utiliser des tournures de phrases positives quand vous le réprimandez. Bien sûr, bannissez les violences physiques, qui n'apportent rien de bon à l'éducation.

Éradiquer la Violence Éducative Ordinaire ne se fera pas du jour au lendemain, mais en essayant de modifier ces comportements néfastes pour les enfants, chaque parent peut contribuer à les faire disparaître petit à petit.