Mon enfant ne parle pas : quand faut-il s'inquiéter ?

L'acquisition du langage, au même titre que celui de la mobilité, se fait à un rythme progressif et tous les enfants n'apprennent pas à la même vitesse. Certains parents s'inquiètent, quand ils comparent leur progéniture avec les enfants des autres et qu'ils constatent une évolution différente. Comme on va le voir, il existe des repères d'âges pour se situer face au niveau d'expression d'un enfant, ainsi que des signes qui peuvent alerter si votre bébé ne semble pas enclin à parler.

Dès ses premiers mois, bébé apprend tout un tas de choses et ce processus le conduit à développer sa motricité, son langage et ses facultés cognitives. La marge de progression est immense et dans chacun de ces domaines, il y a des étapes qui permettent de comprendre si l'enfant se situe dans la moyenne. C'est le cas pour l'apprentissage de la parole, avec des repères qui permettront aux parents de savoir s'il faut s'inquiéter et agir, ou simplement laisser le temps faire son office.

Des repères d'âges pour suivre son évolution

Tout petit, un enfant apprend à communiquer à sa manière et même sans former de mots – et donc sans parler comme on le conçoit. Il s'exprime par des pleurs, des babillages, des sons et des cris, qui précèdent l'utilisation d'un langage plus structuré.

Jusqu'à 12 mois, on parle de "babillages" pour désigner une forme d'expression qui se compose de syllabes mélangées et de sons mêlés, prémices de la formation des mots qui peut survenir dès 12 mois. À partir de l'âge de 1 an, un enfant sera capable de prononcer un ou deux mots (souvent papa et maman, mais il peut également s'agir du nom de son doudou ou d'un verbe comme "donne"). Mais il est aussi à même d'en comprendre une vingtaine.

C'est autour de ses 18 mois que se produit ce que les spécialistes du langage enfantin nomment « l'explosion lexicale », avec une compréhension qui inclut de nouveaux mots chaque jour. À cet âge, l'enfant peut prononcer environ 30 mots.

Le repère suivant se situe vers les 2 ans de l'enfant. C'est là qu'il commence à produire des phrases – encore très basiques – avec un nom et un verbe, généralement sans véritable structure. Peu importe, il se fait comprendre et entame un processus d'association des mots, jusqu'à l'intégration de la syntaxe à partir de 3 ans. Dès lors, il est intelligible, à même de construire des phrases complexes, avec un vocabulaire qui se compose d'à peu près 600 mots.

Bien sûr, l'apprentissage du lange se poursuit, à 4, 5, 6 ans et plus. Ces repères sont donnés à titre indicatif et ils permettent à un parent de situer son enfant dans une moyenne. Comme on le détaille ci-dessous, il n'y a pas lieu de s'inquiéter si vous remarquez un léger décalage. En revanche, des signes peuvent être synonymes de troubles du langage et il convient de les détecter.

Quels sont les signes qui doivent alerter les parents ?

La première chose à savoir est que tous les enfants n'apprennent pas au même rythme et que lors de leurs premières années de vie, les petits ont énormément de choses à assimiler. Pas étonnant donc qu'ils fassent des choix, avec certains enfants qui privilégient la parole, d'autres qui préfèrent apprendre à marcher en premier. D'ailleurs, une avancée dans l'un de ces domaines marque souvent un retard dans l'autre. Et il n'y a aucune raison de s'inquiéter !

Idem pour les enfants qui s'expriment à leur manière, en désignant un objet du doigt ou en vous interpellant du regard, et chez ceux – bien souvent les plus jeunes d'une fratrie – qui laissent leurs aînés s'exprimer à leur place. L'important pour eux, c'est d'être compris et que vous subveniez à leurs besoins, même sans les mots.

En revanche, un trop grand écart entre les repères d'âges évoqués ci-dessus et les capacités d'expression de votre bébé peut cacher divers problèmes : des troubles de l'audition ou de la vue, un retard de langage lié à des problèmes d'articulation, des difficultés à bien prononcer certains sons, des problèmes de fluence (comme le bégaiement) voire des cas d'autisme.

Si, par exemple, votre enfant ne manifeste aucune envie de communiquer (par les gestes ou les mots) à 18 mois, qu'il ne prononce pas le moindre mot à ses 2 ans, ou qu'il n'est pas capable de construire une petite phrase à 3 ans, vous pouvez consulter un orthophoniste qui se chargea d'évaluer la situation.

Les causes les plus fréquentes des troubles du langage

De nombreux facteurs peuvent être à l'origine d'un retard de langage, avec parfois de multiples causes :

• des causes physiologiques, qui résultent d'une malformation ou du manque de tonus de certains muscles ;


• un traumatisme, comme le divorce des parents ou la perte d'un animal de compagnie, qui peut mettre un coup d'arrêt momentané à l'apprentissage ;


• un problème neurologique ou génétique ;


• le facteur environnemental, notamment dans les familles dans lesquelles on parle plusieurs langues. Des confusions sont à noter, mais elles s'estompent avec le temps et le langage devient fluide, dans les deux (ou plus) langues pratiquées.

Si votre bébé ne parle pas comme il le devrait, il est donc important de le faire examiner par un spécialiste. Il faut savoir que dans les cas où ce retard n'est pas lié à une maladie, il n'entraîne pas de problèmes d'expression plus tard, s'il est traité suffisamment tôt.

Que faire pour stimuler la parole chez l'enfant ?

Un bébé qui ne parle pas, mais qui s'exprime à sa façon, ne doit donc pas vous inquiéter. Il faut faire preuve de patience et ne pas le comparer à ses frères, sœurs, cousins et amis de la crèche, car chacun avance à son rythme.

Il est toutefois important d'accompagner l'enfant au quotidien dans l'apprentissage du langage, en prenant de bonnes habitudes. Écoutez votre enfant et n'hésitez pas à converser avec lui aussi souvent que possible, avec un lexique de son âge, ni trop complexe, ni trop "bébé", afin de l'aider à étoffer son vocabulaire tout en l'invitant à construire des phrases pour se faire comprendre.

Laissez-le exprimer ses besoins jusqu'au bout, sans anticiper sa demande, et reformulez ceux-ci : « Tu as faim ? » « Tu veux encore des pâtes ? » « Tu voudrais faire la sieste ? » Invitez-le à vous répondre avec des mots simples, pour qu'il prenne l'habitude de parler quand il a une envie.

Il est bon de nommer les objets utilisés avec lui, en articulant bien et en lui montrant calmement à quoi correspond un mot. Vous pouvez chanter à ses côtés des comptines et, bien entendu, il est recommandé de lire avec votre enfant, non seulement pour lui donner le goût de la lecture, mais aussi pour fluidifier son écoute et l'aider à acquérir de nouveaux mots.